vendredi 17 février 2017

Les lynchages

Le lynchage, une tradition sudiste

Un régime de terreur instauré par les blancs dans le sud ségrégationnistes.
Pour rétablir la domination raciale blanche et dissuader les noirs de se rebeller, les blancs du sud commencent ce qu'on appelle des lynchages, des tortures publiques de noirs, finissant par des exécutions, souvent par pendaison, sommaires et sans jugement. On estime qu'entre 1877 et 1950, 4000 noirs ont été lynchés selon l'EJI (Equal Justice Institute) ( http://eji.org/reports/lynching-in-america). L'historien Howard Zinn précise qu'entre 1889 et 1903, deux noirs étaient assassin nés par semaine en moyenne.

Carte réalisée par le New york Times sur la base des données de ce même institut:



On remarque un nombre de lynchages assez importants du côté du Mississippi, l'Arkansas et la Louisiane. Les périodes comptant le plus de lynchages étaient les années 1890 et les années 20.

Des effusions de violence et de haine devenant des sources de divertissement
Il est important de rappeler le caractère insoutenable de ces lynchages, spectacles de torture publique donnant lieu à des actes d'une violence inouïe, prenons l'exemple de Mary Turner, enceinte, qui fut pendue par les pieds puis immolées pendant que l'on tuait son enfant ou deux hommes suspects d'un viol qui furent sorti de leurs cellules, castrés, battus jusqu'à en devenir méconnaissables puis immolés. Ces scènes macabres généraient un profit, les blancs se sentaient tellement à l'abri de toute poursuite contre eux qu'ils se prenaient en photo avec leurs victimes. Ils créent ainsi des cartes postales en montrant fièrement leurs victime dans des scène paraissant irréelle tant elles sont violentes.

Exemple de carte postale de lynchage:


Inscription au verso au verso de la carte postale ci-dessus:
(Spectateurs au lynchage de Jesse Washington. 16 mai 1916. Waco, au Texas.)
A l'image des exécutions publiques du Moyen-Age, les lynchages deviennent des scènes de divertissement et il n'est pas rare qu'un nombre important de personnes viennent se divertir devant ces spectacles semblant être venus d'un autre âge. On peut voir sur les cartes des familles, des enfant posant devant les corps mutilés, la  plupart ne semblent pas choqués le moins du monde, on peut dès lors imaginer que la fréquence de ces déchaînements les aie rendus "normaux". En effet, pendant les premières décennies de la ségrégation, les lynchages étaient vus comme un forme d'autodéfense contre les noirs, de nature criminelle selon les blancs du sud, mais avec le temps, la violence se multipliant et les exécutions devenant de plus en plus insoutenables, ces pratiques commencèrent à être considérées comme barbares et n'ayant pas leur place dans un pays civilisé même par les gens du Sud.

Un système pénal expéditif

Un argument courant des partisans du lynchage était que le lynchage empêchait le viol ou le meurtre. D'après des recherches menée par Ida B.Wells, une journaliste membre de la NAACP (lien sur article NAACP) (https://en.wikipedia.org/wiki/Ida_B._Wells ), moins d'un tiers des lynchages furent perpétrés suite à des accusations ou rumeurs de viols, et ces accusations étaient souvent un prétexte pour tuer des noirs qui avaient en réalité violés les lois Jim Crow (lien article Jim Crow) ou qui étaient en compétition économique avec les blancs. Prenons pour exemple une affaire reportée par Ida B.Wells et qui l'a engagée dans la lutte contre le lynchage, trois amis qui furent lynchés car leur magasin avaient été en compétition économique, et gagné contre un magasin tenu par des blancs. D'autres "raisons" de lynchages souvent données étaient le vol, des menaces proférées contre des blancs ou des propositions à une femme blanche. Il est important de préciser que durant cette période de 73 ans, aucun blanc n'a jamais été jugé pour ces crimes...

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